vendredi 11 octobre 2013

Le « NOUCHI » en Côte d'Ivoire - argot populaire en Afrique de l'Ouest et la diaspora africaine en Europe

Le Nouchi est une forme d'argot présente en Côte d'Ivoire et en Afrique de l'ouest.


Origine du nouchi en Côte d'Ivoire

Le nouchi est un mélange de français et de plusieurs langues de Cote d'Ivoire, il est apparu dans les années 1970. Il était à l'origine parlé par des jeunes citadins mal scolarisés ou délinquants, ne maîtrisant pas bien la langue française. Le Nouchi était pratiqué par eux surtout aux abords des marchés, des gares, des cinémas avant d'être véhiculé dans la plupart des couches sociales. De langue des petits voyous, le Nouchi est devenu la langue de la comédie populaire ivoirienne, voire de la musique ivoirienne. C'est aussi la langue de la "débrouille" dans les quartiers pauvres d'Abidjan. « nou », en malinké, signifie « le nez », tandis que « chi » veut dire poil. Cela donne en un mot, « poil de nez » donc « moustache » pour designer le méchant, à qui tout le monde voulait ressembler. Un « nouchi », c’est un homme fort, craint de tous et qui n’a peur de rien ni de personne.

Abidjan, la ville natale du nouchi

Cité urbaine cosmopolite d'Afrique de l'Ouest Abidjan est la capitale économique de la Côte d'Ivoire, dont la capitale administrative et politique est Yamoussoukro, et la ville la plus peuplée de l'Afrique de l'Ouest francophone. Elle est également la deuxième plus grande ville francophone intramuros et la troisième plus grande agglomération3. Elle compte, selon les autorités du pays, en 2011, 6 783 906 habitants pour l'agglomération, et 4 351 086 habitants pour la ville, soit 20 % de la population totale du pays. Seule Lagos, l'ancienne capitale du Nigeria la dépasse en nombre d'habitants dans cette région. Considérée comme le carrefour culturel ouest-africain, Abidjan connaît une perpétuelle croissance caractérisée par une forte industrialisation et une urbanisation galopante.


Comment parler le nouchi de Côte d'Ivoire

Pour bien s'exprimer en nouchi il est important de connaitre tous les codes de base de ce langage populaire. Le Nouchi est au départ une sorte de créole de français et de mots tirés de langues locales - utilisé essentiellement par les jeunes qui vivaient dans les quartiers défavorisés d'Abidjan, ainsi que par les membres de gangs. Par la suite, le nouchi va s’étendre à toute la côte d'Ivoire et s'enrichir de mots empruntés aux différentes langues ivoiriennes et d'autres vocables inventés.

Le nouchi est une langue populaire qui se base sur des phrases courtes ou des adjonctions de termes tirés du vécu de la rue, de l'anglais, du français et des ethnies ivoiriennes ou même de celles de la sous-région ouest-africaine. Cependant on note des expressions propre aux nouchis et aux ziguéhis (les bad-boys des ghettos abidjanais) tels que : "têguê", "gbôlô" ou "daba le gaou" (tabasser quelqu'un) "daba mon garba" (manger mon attiéké à la friture de poisson thon); d'une part "daba" ou "gbolo" signifie "frapper, cogner ou vaincre" et d'autre part, il signifie manger. Dans le second registre, il faut le comprendre dans le sens d'avoir de l'appétit au point de finir toute son assiette. Des termes sont parfois utilisés de façon péjorative, il s'agit entre autres de "gaou", "gnata", "albert" et "brézo". Le gaou, c'est la personne naïve; cet état est moins grave que celui de gnata. Ce dernier présente une difficulté d'adaptation. L"albert" ou le "brézo", c'est celui qui perdure dans l'inadaptation. La formation des expressions est illimitée et se développe aux gré des évènements heureux ou malheureux. C'est une langue en pleine expansion en Côte d'Ivoire, qui inspire et s'inspire de la culture populaire.

Sabine Kube, Gelebte Frankophonie in der Côte d'Ivoire: die Dimensionen des Sprachphänomens Nouchi und die ivoirische Sprachsituation aus der Sicht abidjaner Schüler, LIT Verlag Münster, 2005

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